EVENEMENT | INTERVIEW DES PROFESSIONNELS DE L’AFTC

Nov 14, 2014   //   par Admin   //   Blog  //  3 commentaires

L’équipe AFTC Move a participé à la 7ème édition du Raid’Handi Fort de la ville de Besançon, qui s’est tenue du 16 au 18 mai dernier. Cette équipe de 6 personnes, (3 professionnels de l’association, deux usagers des services et un licencié du club d’haltérophilie la Française de Besançon), n’a pas reçu la coupe attendue cette année, mais le plus important n’est-il pas de participer ?

Rencontre avec les trois professionnels qui ont sué pour l’AFTC : Antoine, ergothérapeute à l’UEROS, Anne-Laure et Estelle, toutes deux assistantes de service social, respectivement pour le SAMSAH 25 et pour l’UEROS.

C’est la quatrième fois, qu’une équipe issue de l’AFTC participe au Raid Handi-forts, qu’en est-il pour vous ?

Antoine : Pour ma part, c’est la deuxième fois. L’année dernière sous l’impulsion d’Isabelle, notre prof de sport, j’ai participé ; et j’avais bien envie de recommencer, et comme je connaissais déjà un peu, je me suis chargé de centraliser et dispatcher les informations, notamment pour la planification des séances d’entraînement.

Estelle : J’étais venue voir l’équipe à la ligne d’arrivée l’année passée, et j’avais beaucoup aimé l’ambiance, l’énergie au village d’arrivée, ça m’a donné envie d’y participer.  J’en ai parlé à Anne-Laure, l’idée de faire cela avec elle, ça me plaisait aussi.

Anne-Laure : Je ne connaissais pas du tout avant de me lancer dans l’aventure, ça été une véritable découverte. Partager des moments forts avec des personnes en situation d’handicap, c’était très intéressant. Ça permet aussi de connaître les personnes dans un autre contexte.

Et comment s’est passé cette participation ? Pour l’équipe ? Parlez-nous de quelques épreuves.

Estelle : J’ai beaucoup aimé le tir à l’arc. Sinon, nous avons découvert beaucoup d’activités, comme le hand en fauteuil, c’est  déroutant de se mettre à la place d’une personne à mobilité réduite et de devoir manier un fauteuil.

Anne-Laure : Il y avait aussi des épreuves moins physiques avec des quizz par exemple.  Là chacun apporte ses connaissances et ses compétences à l’équipe

Antoine : on est tout le temps en mouvement, qu’on soit en vélo, à pied, avec la joëlette[1] ou le fauteuil tout terrain. Moi j’ai été très impressionné par le torball[2]. De ta place de sportif valide, tu te retrouves en position de personne en situation d’handicap. On te prive d’un de tes sens et il faut un temps d’adaptation pour compenser par les autres sens. Les manches sont assez courtes (2 x 5 min) mais j’ai trouvé ça très long ! Je trouve que tous les handisports aveugles sont très difficiles.

Anne-Laure : J’ai aussi beaucoup aimé le dragon boat[3], en finale, le fait d’être tous ensemble, il n’y a plus de classement, il y  un véritable sentiment de cohésion, on est tous au même niveau. C’est une expérience humaine jusqu’au bout.

Antoine : Après cela reste une épreuve physique intense. J’ai trouvé le parcours plus long et un peu plus difficile que celui de l’année passée. C’était un véritable engagement de notre part.

Estelle : Il fallait tenir deux jours de suite. Le samedi soir, il y avait un petit repas organisé par le Raid, mais nos co-équipiers sont rentrés se reposer. Il fallait les économiser, et nous aussi !

Anne-Laure : La reprise le lundi a été un peu difficile. Il y avait de la fatigue physique et quelques courbatures.

Vous êtes-vous préparés physiquement pour cette édition ?

Antoine : Il y a quelques rendez-vous en amont du week-end organisé par le Raid, où l’on fait connaissance avec le reste de notre équipe. Cette année, nous avons pu compter sur la présence de Loïc, licencié au club d’haltérophilie de Besançon. On nous présentait également quelques épreuves pour nous familiariser avec le matériel, comment il s’utilise en toute sécurité.

Estelle : Ca peut permettre de mieux appréhender certaines épreuves.

Antoine : Il n’y a pas de présentation officielle du programme par contre, ça reste une surprise !

Anne-Laure : Pour ma part, ça m’a rappelé l’importance du sport dans le quotidien et cela m’a donné envie de m’y remettre.

Pourquoi avoir participé à cet évènement ? Cela représente un gros investissement en plus du travail, de la vie de famille,…

Estelle : Comme je l’ai dit, j’avais beaucoup aimé l’ambiance quand j’étais allée les voir l’année précédente. Il y a un véritable travail de cohésion, on est un groupe, on se dépasse physiquement, mentalement…

Anne-Laure : Cela permet de voir les personnes accompagnées par les services sous un autre angle ainsi que les personnes avec qui on travaille.

Estelle : C’est sûr que c’est de l’organisation personnelle, on anticipe avec la famille. C’est une envie, pas un sacrifice.

Antoine : Je connais des bénévoles, l’état d’esprit me plaisait. Et j’aime le sport aussi. Et puis on n’est pas dans le cadre du travail, c’est un peu différent, on voit les gens différemment. On est une équipe. Et la mixité avec les handisports, c’était sympathique.

Anne-Laure : On a vécu les choses autrement, créé des liens différemment. Il y avait de l’émotion, les familles des usagers étaient là à l’arrivée, c’était valorisant pour eux.

Si vous deviez résumer le Raid en quelques mots ?

Antoine : Je dirai « mouvement », « équipe » et « plaisir ». On part ensemble, on arrive ensemble, on reste groupé du début à la fin.

Anne-Laure : On se soutient, il y a un vrai sentiment de cohésion. L’écoute a été aussi importante entre les participants du groupe.

Estelle : Oui, je suis d’accord !

Alors, l’année prochaine vous remettez ça ?

Antoine : Oui, mais cette fois-ci j’aimerais être bénévole et aider à l’organisation de l’évènement.

Anne-Laure : Avec plus d’entrainement !

Estelle : Pourquoi ne pas plutôt passer le flambeau… Il faut alterner au sein de l’AFTC et laisser la place à nos collègues. Mais je participerai avec plaisir à une autre édition.

Anne-Laure : On sera là pour les conseiller !

 

En tout cas, aucun regret pour nos trois participants qui ont tous relevé que c’était avant tout une aventure humaine, encore plus que sportive. Participer à un évènement de ce type relève d’un engagement quasi militant, il donne une autre dimension au travail réalisé par les professionnels de chaque service de l’AFTC, et cela permet aussi de partager un autre lien avec les usagers qui sont accompagnés quotidiennement.

Pour encourager leurs collègues à participer à leur tour au Raid Handi-Fort de la Ville de Besançon, on pourra conclure sur cette dernière parole de sagesse : « Participer au Raid Handi-Fort, c’est très égoïste en réalité ! On reçoit bien plus que ce qu’on donne tout au long de ce week-end, et ce, malgré les douleurs, malgré la fatigue. »

A bon entendeur !



[1] La Joëlette est un fauteuil tout terrain mono-roue qui permet la pratique de la randonnée à toute personne à mobilité réduite, enfant ou adulte même très lourdement dépendant (myopathes, scléroses en plaques, tétraplégiques…), avec l’aide de deux accompagnateurs.

[2] Le torball, (on prononce « torballe » comme pour le handball), est donc un sport de ballon pratiqué par les handicapés visuels hommes, femmes ou enfants. Il se joue avec deux équipes de trois joueurs dont l’objectif est de marquer un but à l’équipe adverse en lançant un ballon sonore uniquement à la main en le faisant passer sous trois cordes tendues en travers du terrain.

[3] Le dragon-boat est un sport nautique d’équipe qui utilise un type de pirogue. L’équipe comprend une vingtaine de pagayeurs, un batteur pour donner le rythme et un barreur pour diriger le bateau.

3 Comments

  • Encore bravo
    Bonne idée cet interview.

  • Encore bravo!!

  • Merci à vous! pour votre participation et votre témoignage…
    Bon, je ne vais pas être égoïste, je laisse la place à d’autres!! 🙂

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